Une conférence prononcée en 2002 par Michel Rocard sur le développement de l'Afrique devant l'académie des Sciences Morales et Politiques s'intitulait : "Le développement de l'Afrique, affaire de volonté politique." Les économistes contemporains, rejoignant en cela, les pères de l'économie du développement, auraient plutôt tendance à dire que le développement est avant tout une affaire d'"institutions", c’est-à-dire, suivant la définition de D. North, l'ensemble des règles formelles ou informelles établies par une société pour structurer et coordonner les interactions politiques économiques et sociales entre individus. Selon une version simpliste du rapport entre institutions et développement, certaines institutions seraient "bonnes" - la redevabilité de l'exécutif, la protection du droit de propriété ou la liberté d'expression - et d'autres "mauvaises" – l'état prédateur ou la corruption. Serait-il alors suffisant de réformer les mauvaises institutions ou d'imposer les bonnes pour impulser le développement économique ? Rien n'est moins sûr, et en premier lieu la possibilité de réformes institutionnelles. Les institutions sont, pour une large part, endogènes aux sociétés. Elles sont elles-mêmes fonctions du niveau de développement économique et de sa structure, d'une façon qui dépend des histoires nationales et de la distribution du pouvoir politique et économiques qu'elles ont produites. Dans ce cadre conceptuel plus vaste, comment doit-on alors envisager l'économie et les politiques économiques du développement ?