L’idée du passage vers une « économie humano-centrée » part du constat que l’économie dans nos pays avancés repose de plus en plus sur un vaste ensemble de biens-services qui concernent directement et intimement les individus, leurs corps, leurs émotions, leurs cerveaux, et non plus seulement les objets formant l’environnement matériel de nos vies :  la santé et le soin, sous ses multiples formes, l’immense nébuleuse du bien-être (de la cosmétique au stages de « développement personnel » ou de  yoga, etc.), l’alimentation-santé, l’éducation, la culture, le divertissement, etc. La très forte croissance de cet ensemble est en partie occultée par le fait que ces domaines sont souvent très fortement socialisés, imbriqués dans les mécanismes financiers et normatifs de l’Etat social. Mais ils le débordent de plus en plus. Par ailleurs, cette croissance est indissociable des deux phénomènes majeurs que sont le vieillissement et l’extension considérable du « temps libre ». 
Au-delà du constat analytique, l’objet de la table-ronde serait d’interroger les principales implications de ce changement majeur, et sous-évalué. Faut-il encore considérer les domaines du soin, de la santé et de l’éducation comme des conditions externes de l’économie « vraiment productive », alors qu’ils sont désormais au cœur même de la création de valeur et de la base productive au sens large du terme (y compris industrielle) ? Comment financer les infrastructures correspondantes et gérer la pression croissante sur la demande d’argent public ? Il s’agira enfin d’éclaircir les trajectoires possibles, qu’on peut schématiquement répartir entre deux grands pôles : développement de formes territorialisées, permettant le développement de métiers qualifiés et de proximité dans les services du soin et de la transmission ; basculement dans l’économie déterritorialisée et dés-intermédiée des plateformes.