Femmes économistes dans l’histoire de la pensée

Intervenants :

Geneviève Fraisse (Philosophe, Directrice de recherche émérite, CNRS)
Agnès Labrousse (Professeure des universités à Sciences Po Lyon, Triangle UMR 5206)
Marlyse Pouchol (Maître de Conférences émérite, Université de Reims )
Guillaume Vallet (Professeur de sciences économiques, Université Grenoble Alpes)

Modérateur :

Claire Silvant (Maître de conférences en Sciences Economiques, Université Lyon 2 Lumière)

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Intervention de Geneviève Fraisse

Clémence Royer, philosophe et femme de sciences

De 1861 à 1889, Clémence Royer publia une trentaine d'articles dans Le Journal des économistes. En 1862, elle avait publié Théorie de l'impôt ou la dîme sociale, ouvrant ou plutôt réouvrant la question du rapport entre impôts indirects et impôts directs, question logique dans l'ère post révolutionnaire et industrielle. Cette question est évoquée pendant le révolution de 1848 et reprise dans les débats autour de Pascal Duprat à Lausanne, ville de réfugiés de 1848. Le principe de l'impôt sur le revenu sera posé en 1914. Reste à souligner la démarche de cette femme qui fait un cours de philosophie uniquement destiné aux femmes en 1859, traduit l'Origine des espèces de Darwin en 1862 et publie un roman, Les Jumeaux d'Hellas condamné par le Vatican. Qu'est-ce pour elle "la dîme sociale"?

 

Intervention d'Agnès Labrousse

La pensée économique d’Elinor Ostrom

Première femme titulaire d'un prix "Nobel" d'économie, Elinor Ostrom a pourtant connu une carrière atypique à la croisée des sciences politiques et économiques. Ses contributions théoriques, empiriques et méthodologiques (grammaire institutionnelle, interdisciplinarité tous azimuts, combinaison originale de terrains et de modèles) sont majeures. Du gouvernement des communs matériels (comme des systèmes d'irrigation ou des pêcheries) à celui des communs immatériels (comme Wikipedia), l'approche d'Elinor Ostrom apporte notamment des clés de compréhension cruciales pour penser les enjeux écologiques contemporains et proposer des solutions démocratiques à différentes échelles.

 

Intervention de Marlyse Pouchol

Rosa Luxemburg et le « marxisme officiel »

Rosa Luxemburg (1871-1919) publie en 1913 L’accumulation du capital, ouvrage dans lequel elle cherche à préciser la pensée de Marx sur la logique d’expansion du capitalisme.

Mais elle ne sera pas entendue, les divisions au sein du courant marxiste demeureront sans jamais se combler. Alors que Luxemburg saisit une logique d’expansion du capital dévastatrice du monde et destructrice de l’humanité, le « marxisme officiel » s’en tient à une analyse de l’accumulation du capital nourrie uniquement de l’exploitation du travail au sein des entreprises et permise par la propriété privée du capital. Cette divergence d’analyse se traduit aussi par une différence de conception du socialisme qui, pour Luxemburg ne peut se réduire à l’institution d’une propriété collective mais doit aussi assurer et étendre la liberté politique.

 

Intervention de Guillaume Vallet

La pensée économique de Charlotte Perkins Gilman (1860-1935)

Au sein de l’époque dite de l’Ere progressiste américaine (1890-1920), les sciences sociales s’institutionnalisent aux Etats-Unis. Cette période, marquée par de profonds bouleversements économiques et sociaux, voit en effet émerger de nombreuses contributions académiques visant à réformer le capitalisme américain et à professionnaliser les sciences sociales. Parmi les intellectuel·les marquant·es de l’Ere progressiste américaine se trouve Charlotte Perkins Gilman, une autrice longtemps négligée de la pensée économique contemporaine. Critiquant les liens existant entre les sphères familiale et professionnelle au sein du « capitalisme androcentrique », Gilman a contribué au développement des « Home economics ». Plus largement, sa contribution majeure à la pensée économique est d’avoir définitivement fait des questions liées au genre un cadre d’analyse structurant pour toute recherche en sciences économiques.

Date :

Mardi 14 novembre
16:00 - 17:30

Lieu

Salle : Lyon 2

Grand Amphithéâtre


4 bis, rue de l’Université - 69007 Lyon

Accès

Tram : 
Ligne: 1 -arrêt Rue de l'Université


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