Président de séance
Wladimir Andreff (Professeur honoraire de Sciences économiques, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne)Intervenants :
Catherine Locatelli (Chargée de recherche CNRS au laboratoire GAEL, Université Grenoble-Alpes)Tania Sollogoub (Responsable de l’analyse des pays émergents et des risques géopolitiques à la Direction des Etudes Economiques du groupe Crédit Agricole)
Julien Vercueil (Professeur d'économie et Vice président de l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales (Inalco))
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L’engagement des troupes russes en Ukraine a de profondes répercussions sur l’économie de la Russie. Le secteur militaire au sens large redevient la priorité des priorités de la stratégie économique gouvernementale (comme aux temps soviétiques); ses approvisionnements sont sécurisés au détriment d’autres secteurs où commence à poindre la pénurie. Les sanctions économiques occidentales rendent indisponibles des inputs de la production russe, dont dans les industries de haute technologie. Le consommateur voit disparaître des rayonnages toute une série de produits. La croissance de l’économie est affectée. Tels sont des indices d’une économie en déséquilibre, i.e. d’une économie de pénurie (au sens de Janos Kornaï).
Les sanctions affectent également les flux économiques internationaux impliquant la Russie. Le recul d’ensemble du commerce extérieur résulte des sanctions et des restrictions réciproques entre la Russie et nombre de ses partenaires (pas seulement occidentaux). Plus encore, ce commerce est réorienté, effet de détournement vis-à-vis des principaux partenaires occidentaux, polarisation sur d’importants partenaires limitrophes ou non-critiques de l’invasion de l’Ukraine (Chine, Inde, etc.). La détermination politique des échanges extérieurs est une réminiscence de l’époque soviétique.
Certains investissements russes à l’étranger sont gelés ou saisis (dont les actifs d’oligarques ciblés) et de nombreux pays ne souhaitent plus accueillir les IDE en provenance de Russie. Des firmes étrangères installées en Russie retirent leurs activités commerciales ou de production tandis que la plupart des firmes multinationales sont devenues très prudentes, réticentes ou hostiles à investir dans un pays en guerre.
Dans ce contexte, le secteur des hydrocarbures est crucial et stratégique. Le gaz et le pétrole russes peuvent être soumis à embargo occidental, au titre des sanctions économiques, alors que le budget de l’Etat et les exportations russes sont très dépendants des ventes d’hydrocarbures. La Russie aussi peut user du gaz et du pétrole comme d’une arme économique en menaçant de cesser ses livraisons aux pays «inamicaux» ou en exigeant leur règlement en roubles, pour soutenir la monnaie locale en plein effondrement et freiner l’hyperinflation qui menace.
Date :
Mercredi 16 novembre11:00 - 12:30
Lieu
Amphithéâtre Mérieux
10 place des Archives - 69002 Lyon